Feuille de route 21 – Cambodge – “pauvre” (1) à jamais ?
Jmg 0810
Le 27/12/2008
Sovann a 35 ans et 4 enfants. Il exploite (2) près de Prey Veng -au sud-est du Cambodge-, une surface de 0,7 hectare (3). En cette fin d’année 2008 (4), il est très inquiet. Car, en 2008, les pluies de mousson (5) sont arrivées très tardivement. Elles ne sont tombées qu’à partir de septembre. Conséquence, le repiquage du riz s’est effectué dans de mauvaises conditions pluviométriques et les rendements sont catastrophiques. Au lieu des 1,8 tonne de riz qu’il récolte habituellement (6), Sovann ne compte récolter qu’environ 500 kilos.
Comment, dans ces conditions, assurer l’alimentation de la famille? Ne faut-il pas, en moyenne, 300 kilos de riz par an et par personne pour être certain de pouvoir s’alimenter.
Et comment payer l’école pour ses aînés ? comment se vêtir ?
Certes, si une autorité prévoyante avait fait le nécessaire pour maintenir en état ou restaurer d’anciennes canalisations laissées à l’abandon depuis l’élimination des Khmers Rouges (1975-1979), une meilleure maîtrise de l’eau aurait, à coup sûr, assuré une récolte plus importante, voire permettrait une double récolte par an. Mais rien n’a été fait et la routine l’a emporté…
Sovann devra-t-il emprunter pour survivre jusqu’aà ce que les dettes accumulées l’amènent à vendre sa terre (7) ?
Devra-t-il, lui aussi, partir en ville à la recherche d’un hypothétique emploi? Et d’ailleurs que pourrait-il y faire? conduire un cyclo-pousse? avec quel argent pourrait-il du reste en acquérir un?
Ou bien aller travailler en usine textile ou sur un chantier de travaux publics ou dans le bâtiment, les seules activités économiques au Cambodge avec le tourisme -et l’agriculture- (8) ? Mais c’est que, ici aussi, la “crise” mondiale -financiére et économique- frappe, et d’abord, évidemment, les plus démunis (9).
Y a-t-il une fatalité qui fait que des pays, comme le Cambodge, resteront “pauvres” à jamais?
Mais, si cela était le cas, comment expliquer que le pays a abrité, pendant six siècles -de 802 à 1431 de notre ère-, certes avec des hauts et des bas, vraisemblablement le plus grand Empire du sud-est asiatique, symbolisé par Angkor Vat, considéré comme l’édifice religieux le plus important de la planète ? La cité aurait compté, à son apogée, un million d’habitants quand on n’en dénombrait alors que 50 000 à Londres.
En d’autres termes, pourquoi est-ce le monde occidental qui a pris le leadership de la planète (10)?
* il n’est de richesses que d’hommes
Cette question est d’importance, car d’une analyse correcte des causes de déclin ou d’évolution d’une société pourraient se déduire des solutions permettant de définir le type de développement à mettre en oeuvre pour que les pays dits “en voie de développement”, et le Cambodge en particulier, puissent sortir de leur état actuel.
Un essayiste américain a récemment avancé une thèse pour expliquer pourquoi le monde occidental a pris le leadership des affaires du monde. Selon lui, ce sont des conditions naturelles favorables (climatiques et pédologiques) qui expliquent la prééminence de l’occident. Ayant pu bénéficier de réserves de nourriture, il a pu thésauriser, développer des activités financières et commerciales et, de là, partir à la conquête du monde (11).
C’est évidemment un élément de réponse à la question posée. Mais il existe d’autres régions du monde également favorisées par la nature qui n’ont pas connu d’évolution. A l’inverse, il existe des régions naturellement défavorisées qui ont connu un développement important. Pourquoi?
C’est que l’existence ou l’absence de richesses naturelles n’explique pas tout. C’est un atout, mais pas une condition suffisante. En réalité, c’est le facteur humain qui est le facteur déterminant (12).
Facteur humain qui est fort complexe à définir. Une des meilleures définitions me parait être celle avancée par Darwin. Certes, il est surtout connu pour l’oeuvre qui, publiée il y à 150 ans, le rendit célèbre et qui est toujours objet de polémiques : “de l’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la lutte pour l’existence dans la nature”. Mais c’est oublier une autre oeuvre de Darwin : “ Filiation de l’Homme” (13) dans laquelle il démontre que, dans le cas de l’Homme, l’instrument de la sélection n’est plus dans la Nature (c'est à dire la sélection naturelle), mais dans la “civilisation”. Et c’est donc par leur niveau de formation, par leur capacité organisationnelle et d’innovation (14), le tout compensé par un altruisme entre leurs différentes composantes que des civilisations l’emportent sur les autres (15).
Là est la clef explicative du leadership actuel du monde occidental.
* une société cambodgienne figée
Le Cambodge est-il en mesure de renouer avec ce niveau de civilisation pour que le pays, demain, redevienne, majeur ?
Ce n’est pas évident. Il existe des raisons objectives encore prégnantes -historiques et culturelles- qui expliquent les réalités rencontrées aujourd’hui.
Depuis la mise à sac d’Angkor par le royaume d’Ayuthaya 1431, le Cambodge a quasi continuellement subi la domination de puissances ou de forces étrangères. D’abord, alternativement celle des Siamois et des Vietnamiens (alors appelés Annamites) jusqu’en 1863, puis celle des Français (1864 – 1953), puis des Khmers Rouges (1975 – 1979) et encore des Vietnamiens (1979 - 1989) avant de tomber, en 1990, sous celle de la communauté internationale via l’ONU, puis, actuellement, des ONG et des Organisations Internationales (16).
Depuis le 1er siècle de notre ère chrétienne, hindouisme et bouddhisme ont faconné une culture qui a inscrit -et peut-être poursuivi- dans ses valeurs fondamentales des concepts qui font considérer l’ordre des choses comme éternel et la vie terrestre toujours synonyme de souffrances (17).
Les effets de ces deux facteurs -historiques et culturels- ont été accentués par la destructuration de la société suite à l’élimination des élites sous les Khmers Rouges (18) et par, après 1990, l’arrivée de flux d’argent «facile» distribués par la communauté internationale (19).
Tous ces éléments ont conduit à une société qui semble statique. Ici, chacun a une place et il n’est pas évident, et même souvent imaginable, d’en changer.
Se plonger dans les réalités de la société khmère fait rapidement prendre conscience que la fluidité sociale n’est pas sa principale caractéristique.
Ainsi, par exemple en assistant à des mariages, on percoit bien vite combien les classes sociales hiérarchisent encore la vie au quotidien.
Ainsi, au restaurant, tourne en permanence autour de votre table une myriade de serveurs et serveuses. Mais si vous demandez à l’un ou l’une d’entre eux de vous apporter du thé, vous serez parfois surpris de devoir attendre bien longtemps votre commande alors que nombre de serveurs ou serveuses semble inactifs. C’est qu’il faut que la personne préposée au service du thé soit en mesure de satisfaire à votre demande. Chacun a une fonction très précise (balayage, mise des couverts, enregistrement de la commande, service des plats, perception de la note, etc..) et personne ne semble être en mesure de prendre l’initiative de déroger à sa propre fonction.
Ainsi, un ami, volontaire auprès d'une ONG, s'amusait de ce que dans un match de hand ball, à la différence de la pratique usitée dans ce sport, les équipiers ne tournent pas : chacun a sa spécialité.
Dans cette société, celui qui veut faire quelque chose en dehors des traditions se heurte à des “barrières” difficilement franchissables, voire infranchissables. Ainsi, à la campagne surtout, les gens se marient jeunes (en principe avant la vingtaine), mais surtout chaque mariage est l’occasion de dépenses et presque toujours d’un endettement important au remboursement duquel les familles devront consacrer de nombreuses années au détriment d’autres investissements. Ainsi, cette coutume qui veut que, à la campagne surtout, le jeune marié, passe plusieurs années à travailler gratuitement chez sa belle-famille, ce qui “tue” quasi-systématiquement toute velléité d’innovation.
Pour résumer, la prise de responsabilités -individuelle et collective- n’est pas un concept très familier à l’âme khmère (20).
Comment faire évoluer ce pays?
Certains pensent que l’instillation généralisée de notre concept de «démocratie » et l'introduction d’une alternance politique débloqueraient la situation. Je ne le pense pas.
L’équipe qui dirige actuellement le pays, malgré toutes les critiques que l’on peut formuler à son égard -corruption éhontée, appauvrissement continu des plus démunis, exactions multiples à l’égard des opposants, dépeçage du pays au profit d’intérêts économiques étrangers (21)- n’est que le reflet de la situation socio-économique et culturelle du pays. Changer les dirigeants actuels ne modifierait guère la situation car manquent les bases socio-économiques d’une réelle alternance.
Pour d’autres, le schéma de développement du Cambodge doit reprendre celui de pays voisins de culture similaire, à savoir confier le développement économique aux Chinois et laisser le pouvoir administratif et politique aux élites traditionnelles cambodgiennes. Ce schéma aurait pu être celui du Cambodge, il y a une cinquantaine d’années. Mais l’histoire en a disposé autrement et surtout il est difficilement concevable, aujourd’hui, de soutenir un modèle de développement qui ne viserait pas à améliorer l’autonomie et l’indépendance des Cambodgiens. En outre, le schéma évoqué ci-dessus -qui est notamment celui de la Thailande- montre bien, dans ce pays, ses limites.
La situation du pays est-elle donc figée à jamais? On pourrait le croire.
* émergence d’une classe entrepreneuriale
Or, une plongée dans le pays réel et une comparaison avec la situation d’il y a seulement 4 à 5 ans, au delà des premières impressions, m’amène à formuler un jugement plus nuancé.
Evidemment, c’est d’abord dans le monde urbain qu’apparaissent, en nombre croissant, des projets innovants.
Ainsi, cette Française d’origine cambodgienne, venue ici, il y a cinq ans, pour de recherches archéologiques. A la fin de son contrat, souhaitant rester dans le pays de ses origines, elle a lancé un atelier de vêtements pour bébés. Deux ans plus tard, elle emploie une dizaine de personnes et vient d’ouvrir son premier magasin dans la capitale.
Ainsi ce jeune Khmer qui, a 22 ans, a lancé, en 2005, le premier magazine consacré a l’informatique. Sa revue tire aujourd’hui a plus de 30 000 exemplaires… récemment, il vient de créer une nouvelle société dont l’objet est de “créer et animer des événements festifs”.
Dans le secteur agricole -secteur-clef pour le devenir du pays vu l’importance démographique et économique qu’il représente-, j’ai noté aussi des lueurs d’espoir.
Ainsi les réalisations du Père Olivier. Missionnaire installé au Cambodge depuis une dizaine d’années dans la région de Takeo-Kampot (sud du pays), il a d’abord créé des écoles élémentaires, puis a “suivi” ses élèves, fils de modestes paysans de la région, en créant un “lycée” technique et agricole, puis en mettant en place une formation de technicien agricole supérieur (niveau baccalauréat + 2) qui se différencie des formations octroyées dans des établissements du meme type par l’importance accordée à l’alternance et aux stages pratiques (22). Aujourd’hui, il envisage de lancer une formation de niveau baccalauréat + 4 ou + 4 et demi, toujours à base d’alternance et de stages.
Certes, il s’agit là d’un travail qui ne portera des fruits que dans quelques années.. mais se promener dans la campagne permet de découvrir des expériences de réussite individuelle de plus en plus nombreuses.
Ainsi, cette histoire qui pourrait tenir du conte de Noël, si ce n’est qu’elle est vraie. Il s’agit d’un conducteur de cyclo-pousse de la région de Siemréap/Angkor, chassé de ses terres par les aléas climatiques. Un Français, baroudeur de naissance et vendeur d’antiquités, avait pris l’habitude, il y a quelques années, d’avoir recours à ses services. Les deux protagonistes s’étant liés de sympathie, le Français a alors accepté de financer le projet de réinstallation à la campagne du conducteur de cyclo-pousse. Grâce à une nouvelle variété de fruits du dragon en provenance d’Israel et du Mexique et une amélioration du systéme d’irrigation, ce dernier est aujourd’hui à la tete d’une exploitation de 3 hectares et d’une entreprise de 10 salariés qui a d’autres projets de développement au travers la transformation des fruits.
Voici cette dame de la région de Battambang -nord-ouest du pays-, qui végétait sur ses quelques dizaines d’ares lorsqu’un cousin, installé en France, lui envoie quelques livres consacrés à la production de raisins (23) et à la vinification.. Et, derechef, la dame de se lancer, avec l’aide de dollars prêtés par son cousin, dans cette production qui lui permet, aujourd’hui, de produire le premier “vin” du Cambodge (24) et de gérer une exploitation de 3 hectares qui occupe en permanence une dizaine de personnes pour la vinification et davantage lors des travaux saisonniers.
Ce qui est remarquable, c’est que de tels exemples auraient été impensables, il y a simplement quelques années… Il convient de souligner que ces réussites s’inscrivent toujours sur des créneaux d’innovation. On ne peut “percer” que si on lance une activité dans un secteur qui répond à un besoin non encore couvert.
Ces réussites individuelles contribuent évidemment au développement -même si elles ne constituent, pour l’instant, qu’un petit pourcentage du PIB (produit intérieur brut)- du pays. Mais ce qui est important, c’est qu’une nouvelle classe d’actifs à l’esprit entrepreneurial commence à apparaître.
former de nouvelles élites autour d’une éthique
Suffit-il alors de laisser cette nouvelle classe « percer » pour que survienne le renouveau économique et politique et que le pays ne risque plus d’être vendu au plus offrant, voire dépecé entre ses voisins, de fait ou de droit (25) ?
Tout n’est pas aussi simple. Car pour que ce renouveau ait une chance de naitre, il faut que de nouvelles forces, non issues de la nomenklatura traditionnelle, certes apparaissent, mais aussi s’organisent. Ces nouvelles forces peuvent évidemment venir de ces nouveaux entrepreneurs, mais aussi de responsables cambodgiens de projets initiés par les ONG étrangéres et les Organisations Internationales (26).
En ce qui concerne les nouveaux entrepreneurs, s’organiser, cela signifie aller au delà de la réussite économique individuelle en se groupant dans un cadre « associatif » au sens large quelle que soit la dénomination utilisée (mouvement, groupement, association, etc..). En effet, il est vraisemblable que ces nouveaux acteurs, bien que concurrents, comprennent rapidement l’intérêt de l’organisation économique ou professionnelle collective.
En ce qui concerne les responsables cambodgiens de projets, la situation est plus simple. Le projet (ponts, silos, puits, routes, hopitaux, « petit » crédit, écoles ou centres de formation, etc..) est, par hypothèse, bâti sur le concept d’action de groupe et, de plus, la logique veut que ces -ou certains de ces- différents projets se fédèrent.
Suffit-il alors de laisser un peu de temps au temps pour que des contrepouvoirs organisés économiquement, voire ultérieurement politiquement, se mettent en place ? A mon avis, ce n’est pas suffisant.
Car pour franchir cette ultime étape permettant de créer une société réellement équilibrée -comme l’était, à son aune, la société agricole et rurale-, il faut que ces contrepouvoirs s’organisent autour d’une éthique. Je m’explique.
Qu’il s’agisse de l’association des entrepreneurs ou du projet de développement lancé par une ONG ou une Organisation internationale, il ne faut jamais oublier que c’est une greffe qui, de plus, a été initiée par l’extérieur sur la base de valeurs souvent mal comprises ou mal intégrées par les intéressés directs. Elle va donc d’une part engendrer des phénomènes de rejet, mais surtout d’autre part risque de ne pas avoir la force suffisante pour s’imposer comme un réel contrepouvoir, sauf si elle s’appuie sur une base éthique.
Qu’est-ce que cela signifie ?
Cela signifie qu’il faut aller au-delà des recettes diffusées habituellement (formation technique dans les secteurs de la santé, de l’agriculture, du marketing, etc..- et formation à la gestion de groupe et de projets). Il faut, si l'on veut que les réalités changent vraiment, compléter ces formations, du moins auprès de ceux des responsables sensibles à cette finalité, par une recherche sur la nécessité d’une "éthique" et sa mise en oeuvre dans des projets collectifs. Pourquoi ?
Il est assez facile de comprendre que le nouveau contexte socio-économique impose de nouvelles règles sociales qui, tout en prenant en compte le respect des traditions (27), doivent comporter de nouveaux contrepouvoirs. Mais pour que ces contrepouvoirs soient réellement efficaces et puissent affronter l’épreuve du temps, il faut une éthique. Comment définir cette éthique ? On peut la définir comme étant ce qui va assez motiver le responsable pour qu’il aille au delà de -voire accepte de sacrifier- ses intérêts personnels immédiats au service d’un projet collectif. Aux Khmers concernés de lui donner un contenu précis. J’ai toutefois noté -mais ce constat est très subjectif- une renaissance du sentiment national khmer. Je me permets seulement d’espérer que cette éthique sera fort différente de celle qui, partant d’un marxisme dévoyé, a produit l’idéologie des Khmers Rouges.
ayant un « écho » dans le pays
Mais il ne suffit pas d’avoir des élites conscientes de la nécessité de contrepouvoirs fondés sur une éthique. Il faut aussi que cette éthique soit en concordance avec les valeurs de la majorité de la population.
Qu’est-ce que cela signifie ?
L’expérience a démontré qu’un mouvement socio-politique ne peut réussir que s’il remplit une double condition : bénéficier d’une assise locale et d’une autorité morale incontestée.
Or, pour l’instant, il est difficile, au premier abord, de déceler au Cambodge une quelconque autorité morale au pouvoir reconnu, comme le Roi en Thailande ou le bouddhisme au Laos ou la culture sinisante en Chine ou au Viet Nam..
Rien de tout cela au Cambodge ou la classe dirigeante actuelle -économique et politique- parait plus préoccupée à maintenir et accroître ses privilèges qu’à se soucier du bien commun. Il parait plus important à ses membres d’acheter le dernier 4x4 sorti -et plus gros que celui du voisin- que de se soucier du développement réel du pays, quitte à le vendre au premier venu, d’ailleurs bien souvent un Asiatique (28).
Où donc trouver cette éthique ?
Pour structurer, dans nos sociétés occidentales, le passage d’un monde rural à un monde urbain et industriel, sont apparus, à partir de notre culture judéo-chrétienne divers mouvements soit dans son prolongement (démocratie chrétienne, etc..) soit en opposition -à mes yeux apparente- avec celle-ci, tels les concepts de socialisme (et tous ses variantes) et de la laïcité.
Il me parait difficilement envisageable, du moins à court et moyen terme, que le bouddhisme s’engage, en tant que structure dans un mouvement visant à adapter la société khmère aux nouvelles conditions socio-économiques : l’élimination des moines pendant la période Khmer Rouge (1975-1979) et surtout le refus du bouddhisme de s’engager dans le débat social (29) constituent des différences importantes avec notre contexte occidental. Par contre, il me parait incontournable d’intégrer dans la formation éthique l’héritage des valeurs bouddhistes, d’ailleurs actuellement le seul vrai contrepouvoir « politique » -voir feuille de route 18 : “bouddhisme et démocratie” (30)-.
avoir du grain à moudre
Faisons un rêve. Supposons qu’une partie des nouvelles élites prenne conscience de la nécessité de s’organiser autour d’une éthique et que celle-ci trouve un écho auprès de nombreux Cambodgiens. Tout serait-il pour autant réglé ? Je ne le pense pas.
Si on veut que ce travail ne soit pas à terme ressenti par ses acteurs comme un marché de dupes, il faut que la communauté internationale assume une double responsabilité à l’égard d’un pays comme le Cambodge.
D’abord, elle doit faire en sorte que cette nouvelle force ait du “grain à moudre”. En d’autres termes octroyer des moyens pour que le développement économique du pays se poursuive. Ce qui revient à dire qu’il faut que la communauté internationale continue, notamment en matière d’investissements, à aider le Cambodge, et d’abord au niveau de politiques de grands travaux -infrastructures, communications et maîtrise de l’eau-, par des politiques d’aménagement urbain et par une politique foncière, par la mise en place d’une politique agricole, par une politique de protection de l’environnement, etc...
Ensuite, il faut qu’un nouvel ordre mondial avec un réel pouvoir mondial -et non dominé par un pays ou un groupe de pays- se mette en place pour rééquilibrer la répartition des biens et des richesses entre les différentes nations ou régions. Ce nouvel ordre mondial est encore une utopie, même s’il serait possible, à partir d’outils déjà existants (élargissement des compétences de l’OMC à d’autres secteurs que le commerce, accroissement du rôle du FMI, évolution du droit d’ingérence, pour l’instant à géométrie variable, etc..) de jeter les bases de ce nouvel ordre.
Mais ne rêvons pas. Ce nouvel ordre, même souhaité par une minorité d’intellectuels ou objet de conférences internationales, ne naîtra que sous l’empire de la contrainte, comme le démontre actuellement le dossier du devenir de notre environnement. Espérons seulement que cette contrainte ne soit pas celle de l’arrivée en nombre croissant d’Asiatiques et surtout d’Africains voulant accéder à notre “paradis-forteresse”.
Espérons encore -toujours un rêve ?- que les futures élites de pays comme le Cambodge deviendront assez organisées pour, elles aussi, un jour peser sur ces rééquilibrages relatifs à l’avenir de notre planète.
Jean-Michel Gallet
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(1) il faut expliciter ce que l’on entend par “pauvre”.
Ici, ou du moins à la campagne, on ne voit que des sourires épanouis sur chaque visage et tout est prétexte à d’incessants éclats de rire. Ici, des enfants vous prennent par la main. Ici, semble régner encore une noblesse de coeur oubliée dans nos pays occidentaux.
Fin décembre, je cheminais, appareil de photo en bandoulière, sur un petit chemin poussiéreux à souhait qui entoure une île (Koh Trong) située face à la ville cambodgienne de Kratié, le long du Mékong. Souhaitant changer un objectif sur mon boitier, je déposais mon sac à côté d’une cruche remplie d’eau de pluie ou du Mékong (il n’y a pas l’eau courante ici). Aussitôt, une vieille dame s’extrait de l’abri où elle sommeillait vraisemblablement, me prend la main et me conduit à l’intérieur de son lieu d’hébergement, une cahute sur pilotis de quelques mètres carrés, faite de planches disjointes et recouverte d’un toit de chaume. D’un coin de la pièce, elle tire une théière argentée -un des rares biens qu’elle doit posséder- et un verre pour m’offrir de l’eau bouillie. Elle croyait vraisemblablement que mon geste initial signifiait que j’avais soif. Je la remerciais alors vivement de son hospitalité et de son souci de mon bien-être, et m’apprêtais, après quelques gorgées et de multiples échanges de sourires, à la quitter lorsque, les mains jointes, en signe de respect, elle m’invita à accepter un présent : un fruit du seul pamplemoussier qui occupait son maigre jardin.
Ici, on est loin de la grisaille, bien souvent climatique, de nos pays que souvent chacun semble porter, peut-être par contamination, sur son visage.
Mais dans ce qui parait avoir, au voyageur occidental, un avant-gout de paradis, règne une grande «pauvreté».
Pauvreté signifie difficulté ou impossibilité d’être soigné. J’ai en mémoire cette rencontre faite avec un “vieux” monsieur, toujours sur cette île du Mékong. Au cours des quelques échanges de politesse liminaires, je découvre qu’il avait appris le francais. Je lui demande alors son âge, 67 ans. Chez nous, on lui en aurait donné plus de 80. Edenté (curieusement, il ne lui restait plus qu’une dent), cassé en deux, portant de vieux vêtements élimés, pieds nus, souffrant de la cataracte et vraisemblablement de bien d’autres maux physiques, il s’essayait à casser du bois pour alimenter son feu. Ici, il n’y a pas de retraite pour les vieux travailleurs. Dois-je, là aussi, préciser qu’il m’a offert son hospitalité et un fruit, peut-être son repas du soir.
Pauvreté signifie difficulté d’accès à la connaissance. L’école est très souvent de piètre qualité -sauf les quelques écoles fréquentées par des étrangers où se pressent les enfants des familles aisées-, et à temps partiel. Quant aux diplomes, ils sont souvent plus dépendants du backchih versé à l’enseignant que des mérites réels de l’élève.
Pauvreté signifie difficulté d’accès à l’eau potable et à un logement pourvu d’électricité ou à des vêtements corrects. J’ai en mémoire ces enfants d’une dizaine d’années vus à Kratie qui, après l’école à temps partiel, déchargent de bateaux des sacs d’une cinquantaine de kilos pour gagner les quelques riels (monnaie locale : 1 euro : 5 300 riels) qui leur permettront -à eux et à leur famille- de manger. Et que dire de ces enfants vus à Mundolkiri -est du pays-, fouillant au milieu d’une odeur nauséabonde, de nuées de mouches agressives et de rats plein d’audace, la décharge publique à la recherche d’objets de récupération, notamment de bouteilles plastiques et de déchets divers revendus là aussi quelques riels. Ici, le tri sélectif se fait à la décharge publique.
Cette pauvreté est aussi synonyme d’insécurité et la violence est souvent bien proche.
Un exemple récent parmi des dizaines d’autres. Le 24 janvier 2009, à l’aube, une équipe de démolisseurs a entrepris “la liquidation” d’un bidonville de Phnom Penh, celui dit des “Terres Rouges” -Dey Krohom-. Ainsi arrivait à son terme un conflit foncier vieux de presque six ans entre les ultimes occupants des lieux (3,6 hectares) et les autorités du pays déclarant agir “pour le peuple cambodgien”, en réalité pour une opération spéculative. Les nervis affectés à cette tache de démolition étaient payés de “5 dollars, deux litres d’essence et un petit-déjeuner”. Une prime de cinq autres dollars leur aurait été promise si l’opération se déroulait “sans problèmes”. Selon diverses ONG de défense des Droits de l’Homme, cette démolition musclée -qui serait illégale- aurait occasionné dix-huit blessés dont cinq se trouveraient dans un état grave (source : Cambodge-Soir - numéro 68 : “un symbole rasé au bulldozer”).
Un autre exemple. De passage à Kep, ancienne station balnéaire qui connut son heure de gloire du « temps des Francais », j’apprends que la ville (4 000 habitants) serait mise en coupe réglée par l’Armée. Ses officiers (ils se font appeler « les Généraux ») ponctionneraient une somme de 600 dollars par mois sur toute activité économique (en réalité, essentiellement des restaurants et des hôtels tenus par des étrangers), le tout en toute impunité puisque, ici, c’est eux qui font la loi. Alors ? Paradis ou Enfer ? Le paradoxe n’est qu’apparent.
Ce qui apparait au voyageur pressé comme un paradis n’est en fait que le résultat du respect d’équilibres qui ont permis à une société, à un groupe de fonctionner. Et, notamment à la campagne, on rencontre encore ces équilibres ancestraux.
Ce sont eux qui font croire à l’occidental qu’il est dans un “simili” paradis, du moins aussi longtemps qu’il n’a pas perçu que ces équilibres sont le fruit d’une ascèce très stricte.
Ce sont eux qui expliquent le sourire permanent de l’Asiatique, masque qui lui permet de faire face aux difficultés de la vie. Tout ce qui, chez nous, est source d’irritation (retard, panne, perte, oubli, geste malencontreux, etc...) est ici à l’origine d’un sourire, voire souvent d’un grand éclat de rire. C’est que pour nous, cet incident contrarie nos projets, notre gestion du temps ou nos velléités à vouloir agir sur la matière. Ici, on est tellement imprégné du sentiment de l’ordre éternel des choses et de la difficulté -et bien souvent de l’impossibilité- à le modifier qu’on considère qu’il vaut mieux en rire.
Reste en tout état de cause la réalité de la “pauvreté” -au moins la matérielle-. Mais il s’agit d’un concept relatif, c’est-à-dire qu’elle s’apprécie par comparaison. Il est alors logique de penser qu’elle n’était pas vraiment ressentie comme telle dans le contexte traditionnel qui prévaut encore -ou, plus exactement, qui prévalait- généralement dans les campagnes...
Car aujourd’hui, les moyens de communication -du tourisme à l’internet et à la télévision- donnent l’impression au Cambodgien qu’il est “pauvre”, du moins matériellement. Ils suscitent donc des envies d’accéder à des “facilités” (portable, ordinateur, moto ou voiture, etc..) sans que l’intéressé, bien souvent, percoive combien celles-ci, dans nos civilisations occidentales, sont elles-mêmes le produit d’une histoire et d’une culture qui imposent une autre ascèce (rapport différent au temps et à la vie, autres régulations sociales et organisationnelles, responsabilisation individuelle et collective, compétition permanente, etc...).
Ainsi, fin décembre 2008, à Mondolkiri, vers midi, j’entre dans un restaurant. Je tire, ce faisant, un des deux serveurs de sa somnolence -l’autre continuant sa sieste-. A ma -logique- demande de pouvoir déjeuner, il répond par un grand sourire qui illumine alors son visage : “désolé, Monsieur, la cuisiniére est partie chez elle pour déjeuner. Si vous voulez bien revenir ce soir, elle devrait alors être de retour.”. A sa décharge, je dois certes avouer que les clients sont rares à Mondolkiri.
Ainsi, à Battambang -au nord-ouest du pays-, en janvier, dans un restaurant pourtant fréquenté par de nombreux touristes, ce serveur, préposé aux comptes, établissant mon addition: “13 000 riels (un euro vaut 5 300 riels) plus 8 000 riels.” puis après une quinzaine de secondes, les yeux et le crayon levés vers le ciel, à la recherche peut-être d’une inspiration divine, il tourne alors vers ma personne un regard à la fois interrogatif et dubitatif, mais appuyé par un large sourire, et me glisse : “ 17 000 ? “...
Ainsi, ces jeunes habitants de Phnom Penh -garcons ou filles- qui dès 6 heures du matin passent chez le coiffeur avant d’aller en classe pour se faire faire une « ultime beauté », quitte à sécher la première heure de cours en cas d’affluence au salon. Selon le « Cambodge Soir » -numéro 67- quelques enseignants commenceraient à s’interroger sur cet absentéisme matinal.
Reste à savoir s’il faut, par une action extérieure, vouloir modifier une culture millénaire, ce qui nous renvoie à la question posée dans le titre et à la définition de la pauvreté. Pour de multiples -et parfois différentes- raisons, les occidentaux ont tendance à répondre par l’affirmative. En fait, c’est aux intéressés d’apporter leur réponse. Pour ma part, je pense que la société khmère doit inévitablement faire face à des changements socio-économiques. La seule vraie question est alors de savoir si ces adaptations -économiques, sociales, culturelles et politiques- se feront sous le signe d’un «équilibre » -même si cet équilibre n’est pas en totale conformité avec nos valeurs occidentales- ou sous celui d’une aggravation des déséquilibres comme cela est le cas actuellement.
(2) selon un recensement effectué en 2008, 80 % des 13,5 millions de Cambodgiens vivent à la campagne. Pour permettre à la famille de survivre, il faut compléter bien souvent le revenu de l’exploitation par un salaire fourni par un membre de la famille parti en ville.
En ce qui concerne les conditions salariales, j’ai, à de nombreuses reprises, demandé au personnel travaillant dans la restauration ou l’hôtellerie leur niveau de salaire. Sauf de rares exceptions dans les hôtels de catégorie supérieure, le chiffre quasi invariablement annoncé -en grande ville- était celui d’un salaire de 60 dollars par mois pour un travail de 6 à 7 jours par semaine. Dans les autres activités salariales, et notamment le textile, le salaire “minimum” annoncé est de 50 dollars par mois.
(3) surface moyenne des exploitations agricoles au Cambodge. En règle générale, cette surface correspond à un grand jardin autour de la maison où poussent légumes et fruits et où s’ébattent quelques animaux et à une rizière située en dehors du village.
A noter, à côté de ce type d’exploitation traditionnel, le développement, souvent avec l’aide capitaux étrangers, de “grandes” exploitations agricoles -de plusieurs centaines à plusieurs milliers d’hectares- notamment sur les zones de piémont ayant récemment fait l’objet d’une déforestation sauvage.
(4) il s’agit de l’année au sens occidental du terme puisque le calendrier bouddhique part de l’an 543 avant Jésus-Christ, soit un an après le décès de Bouddha. Nous sommes en l’an 2553 jusque la “Nouvelle Année” qui aura lieu vers la mi-avril.
(5) on distingue au Cambodge, une saison sèche (de novembre à avril) et une saison humide (d’avril à novembre), saison au cours de laquelle les pluies de mousson s’abattent sur l’Asie du sud-est. En moyenne, il tombe au Cambodge, selon les régions, de 4 000 mm. à 1 700 mm. par an. Selon les experts, le réchauffement climatique devrait accroitre les précipitations et surtout leur violence.
(6) la moyenne en rendement pour le riz , au Cambodge, se situe entre 1,5 et 2 tonnes/ha. Sovann -qui est un bon agriculteur- arrive, avec une pluviométrie normale à un rendement de 2,5 tonnes/ha. De plus, on ne fait, en général qu’une récolte de riz par an, faute d’une maîtrise suffisante de l’eau (dans les pays voisins, on fait deux récoltes par an). Après la récolte -vers novembre-, les terres sont pâturées par des bovins. Rarement, après la récolte, on fait d’autres productions, toujours faute d’un accès suffisant à l’eau -alors que cet accès serait théoriquement possible-…
En plus, bien souvent, à la récolte, faute de moyens de stockaged suffisants, le riz doit être vendu immédiatement, bien souvent aux Vietnamiens.
(7) les emprunts, souvent octroyés par le “Chinois” du coin, s’élèvent habituellement à des taux compris entre 10 % et 12 % par mois. De plus, il s’agit toujours de prêts de trésorerie à court terme et jamais de prêts d’investissements.
(8) l’agriculture représente environ 70 % des actifs et 35 % du PIB (produit intérieur brut).
(9) le Cambodge a connu, depuis une dizaine d’années, un taux de croissance de son PIB (produit intérieur brut) significatif : 9,4 % de croissance par an entre 2000 et 2006. Il est vrai qu’il partait de si bas -il est, par habitant, un des plus bas du monde- que la moindre augmentation se traduit par des hausses en pourcentage relativement importantes. Personne ne peut toutefois nier cette croissance : le revenu par habitant est passé de 288 dollars par an en 2000 à 583 dollars par an en 2007. Il s’agit certes d’une moyenne qui couvre de très grandes disparités, mais il faut reconnaitre qu’une partie de la population en a bénéficié. Le nombre des véhicules -certes surtout de haut de gamme- et surtout celui des motos neuves qui envahissent de façon croissante les villes ou circulent sur les routes de campagne en sont des témoignages incontestables.
Mais, aujourd’hui, la crise est aussi la et toutes les activités économiques (13 % des actifs travaillent dans le secteur secondaire -textile et batiment-, 70 % dans l’agriculture et 17 % dans les services) sont touchées.
D’abord et surtout l’industrie textile qui emploie 320 000 à 350 000 personnes (source : Cambodge-soir – numéro 68) et qui représente 70 % des exportations. Depuis le début de la crise (mi-2008), 28 000 ouvriers du textile ont perdu leur emploi. Selon Van Sou Ieng, représentant des entrepreneurs de textile : “si la crise perdure, 50 000 a 60 000 personnes supplémentaires perdront leur emploi “ (source : Cambodge Soir Numéro 68 : “ la crise promet de s’aggraver en 2009”).
Les chantiers ralentissent (15 000 emplois auraient été supprimés dans le secteur du batiment depuis 6 mois). Le nombre de touristes pourrait diminuer.
...ce qui laisserait prévoir, selon une étude publiée en octobre 2008 par le FMI (Fonds Monétaire International) un taux de croissance du PIB de l’ordre de 6,5 % en 2008 et de 4,75 % pour 2009, soit le chiffre le plus bas depuis..1993, année ou le PIB n’avait cru que de 4 %… Selon la presse locale, fin 2008, le nombre d’autos vendues au Cambodge aurait diminué de moitié par rapport au début de cette année.. Les commercants affirment avoir connu, fin 2008, un chiffre d’affaires inférieur de 20 % à 50 % à celui de 2007 selon les branches d’activité. Les salaires ont certes augmenté en 2008, mais le pays a connu, en 2008, un taux d’inflation de près de 20 %.
De plus, dans un pays ou les finances dépendent pour une large part des apports des Organisations Internationales (agences de l’ONU, Banque Mondiale ou Asiatique, etc..) et des ONG (organisations non gouvernementales) étrangères, la crise financière et économique mondiale risque fort de mettre à mal ce type d’aide.
Or, pour faire face à la croissance démographique -un tiers de la population à moins de 15 ans- et assurer un début de développement, il faut, selon les experts, dans un pays en début de phase de développement, un taux de croissance de l’ordre de 6 à 8 % par an pour qu’un pourcentage significatif de la population puisse espérer en bénéficier...
(10) Warren Buffet, Américain considéré comme possédant une des plus grandes fortunes du monde : “ si j’étais né au Bangladesh, je serai assurément resté un pauvre petit paysan.”
(11) voir : “de l’inégalité parmi les sociétés” -Jared Diamond- coll. Folio Essais – Ed. Gallimard – 2007
voir aussi les travaux de l’économiste américain Douglass C. North.
(12) “il n’est de richesses que d’hommes”..- Jean Bodin (1530 – 1596)
(13) voir Patrick Tort - “Livre ouvert des rencontres Animal et Société” -
(14) ce qui ne fut pas toujours évident -voir le temps mis par les autorités ecclésiastiques de nos pays à admettre les travaux de Copernic (1473 – 1543) et ceux de Galilée -“et pourtant, elle tourne…”-. Ceux de Copernic furent condamnés en 1616 et Galilée le fut le 16 juin 1663. Ce n’est que vers 1820 -1830 qu’il fut indiscutablement admis qu’ils avaient raison
(15) cet équilibre entre créativité personnelle et conscience de la nécessité de règles collectives n’est pas donné une fois pour toutes comme le démontre la crise financière et économique qui secoue actuellement le monde.
(16) aujourd’hui, les secteurs de la santé et de l’éducation ainsi qu’une large partie du secteur agricole sont directement dépendants des ONG en appui technique et surtout en appui financier
(17) dans la culture bouddhiste, le sort de chacun est déterminé par son kharma, c’est-à-dire son ame qui porte trace de toutes ses vies antérieures. Si donc un individu est malheureux, pauvre ou malade, le responsabilité en incombe à son mauvais kharma et non à sa propre responsabilité ou a celle de son environnement. L’action de chaque croyant va donc consister à essayer d’améliorer son kharma pour que, dans les vies ultérieures, le sort de son ame s’améliore jusqu’à parvenir au nirvana, c’est-à-dire à la libération totale de l’enveloppe charnelle, la vie sur terre ne pouvant être que synonyme de souffrances. Sur le plan religieux, et de la, culturel, la vie est donc en priorité orientée vers son propre salut par des actions personnelles et non par des actions collectives.
(18) une des devises des Khmers Rouges était : « il vaut mieux supprimer un innocent que de relacher un coupable”
(19) que va devenir, par exemple, le milliard de dollars d’aide de la communauté internationale -précisement 951 millions de dollars dont 257 millions en provenance de la Chine, maintenant premier donateur au Cambodge- qui, les 5 et 6 décembre 2008, vient d’être accordé au Cambodge pour 2009, et, en ce qui concerne la Chine, sans condition politique ?
(20) une étude publiée, il y a quelques années, outre-Atlantique sur le devenir des populations cambodgiennes qui avaient fui leur pays aprés la prise de pouvoir par les Khmers rouges et s’étaient réfugiées aux Etats-Unis et en France avait démontré que les Sino-Khmers (Cambodgiens d’origine chinoise) avaient, dans leur quasi-totalité, réussi a s’insérer dans leur nouvel environnement et obtenu des résultats professionnels remarquables. Par contre, le bilan était bien différent pour les Cambodgiens d’origine khmère. Une nouvelle fois, cette étude démontrait que l’Indochine portait bien son nom: ici, on est a la frontière de deux mondes totalement différents culturellement, celui de la Chine et celui de l’Inde.
(21) selon un article de «Cambodge-soir « -numéro 69- intitulé «non droits de l’Homme », aucun meurtre de journalistes depuis 1993 n’a été élucidé. Les conflits fonciers mettant aux prises militaires et population sont de plus en plus nombreux. De 40 en 2007, leur nombre est passé 125 en 2008. Ils ont provoqué le décès de trois personnes l’an passé. Globalement, 409 hectares ont été donnés, cette même année, en guise de compensation d’éviction alors que dans le même temps, 71 compagnies privées ont acquis 225 000 hectares
(22) la première promotion -45 élèves- est sortie cet automne 2008. La quasi totalité d’entre eux a trouvé un emploi à sa sortie avec des salaires de l’ordre de 150 à 200 dollars par mois, ce qui correspond à un “bon” salaire au Cambodge.
(23) le raisin qu’on trouve parfois sur les marchés viendrait dans sa totalité de Thailande.
(24) palais délicats, préférez toutefois un vin francais.
(25) la Thailande et le Viet Nam n’ont pas abandonné toute prétention territoriale sur le Cambodge et, pour un Cambodgien, le Vietnamien, incarne souvent le Diable. La Chine garde un oeil -très/trop- protecteur sur le pays, non dénué d’arrière-pensées-. Quant à l’ASEAN (Association of South East Asian Nations), elle ne pourra pas jouer, en tout cas, à court et moyen terme, le rôle qu’a joué l’Union européenne dans la stabilisation de l’Europe.
(26) ONG et OI jouent le rôle de ferment ou de catalyseur des nécessaires évolutions comme les instituteurs et les curés l’ont fait dans nos campagnes, il y a un a deux siècles.
(27) proverbe cambodgien : « n’emprunte pas le chemin droit, ni le chemin tortueux. Emprunte celui des ancêtres »
(28) il existe, depuis plusieurs années, à Phnom Penh un “ club “ des Lamborghinistes.. Un de ses membres fondateurs a été Hun To, neveu de l’inamovible Premier Ministre, Hun Sen.
Un journaliste du “ the Cambodia Daily”, journal anglophone de Phnom Penh, dans un article paru fin décembre 2008, assure avoir dénombré trois Lambhorghini(s) dans les rues de la capitale, un seul jour de ce mois….. Une Lamborghini -premiers modèles- (j’allais dire “de base”) se vend à plus de 200 000 euros (prix France).
L’article comporte également un interview d’un Cambodgien “fou” de Porsche(s). Il possède deux Porsche 911 S – modèle 2008 (compter entre 100 000 euros et 250 000 euros selon le modèle en France), une Porsche Carrera et une Porsche Cayenne (“pour mes courses en ville !!!” ) - compter entre 100 000 et 180 000 euros selon le modèle (prix France)-.
Selon un agent immobilier francais installé à Phnom Penh, la capitale compterait 5 Roll-Royces et une Maserati dernier modèle vendue au prix de 500 000 dollars.
(29) Pour un chrétien « chaque Homme est mon frère”. Pour un bouddhiste, à chacun de faire son salut -voir point 17-.
Selon le Père Ponchaud, auteur de : “Cambodge, année 0 “, il existe toutefois deux cas où des moines bouddhistes -ou d’anciens moines- ont décidé de se consacrer au développement social du pays -dans les secteurs de l’agriculture et de la santé- : à Prey Veng (sud-est du pays) et à Battambang (“association bouddhique”).
(30) il est patent que le pouvoir politique en place a, aujourd’hui, compris l’importance du bouddhisme dans l’équilibre des pouvoirs et qu’il “cajole” les autorités religieuses bouddhistes, voyant maintenant en elles un élément de stabilité.
lundi 23 mars 2009
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