vendredi 27 novembre 2009

Compte-rendu de la 3ème réunion des boursiers, le lundi 23 novembre 2009
















« La Flore Parisienne »

Nous avons passé une très agréable soirée ensemble, hier soir, le 23 nov. 09, à écouter l’exposé de notre boursier TA Phuc Hoang.

Phuc Hoang est un animateur hors pair. Il a surtout fait un travail remarquable. Il a su présenter son sujet sous forme de jeux pour capter l’attention de tout le monde, et surtout leur participation sur un thème pourtant assez difficile pour ceux qui n’ont aucune connaissance sur la flore.

Bravo à Phuc Hoang ! Que tous prennent son exemple et présenteront, un jour à votre tour, un autre thème sur un sujet qui vous tient à cœur.


Julie

mardi 17 novembre 2009

COMPTE-RENDU DE LA VISITE DE L’HOTEL DE VILLE







MARDI 10 NOVEMBRE 2009 A 15 H.

La grève des « R.E.R. A et B » du RATP de ces derniers jours n’a pas arrêté l’élan de nos étudiants pour cette visite. Plusieurs professeurs les ont accompagnés. Une explication a été donnée sur la Place une heure avant la visite.

Les étudiants ont admiré la beauté des salles. Ce fut une petite découverte de l’histoire de Paris. Quelques photos de groupes ont été prises pour se souvenir de leur passage dans ce beau bâtiment qu’est l’Hôtel de Ville.

Après cette visite organisée, ils verront la Place de l’Hôtel de Ville d’un autre regard, au lieu de la traverser sans la voir.

Pourquoi ne pas y revenir une autre fois si cela leur est possible ?


Julie

24ème feuille de route de Jean-Michel






Jmg 2009
Le 04/11/2009
Le 29/09/2009

Feuille de route 24 – Tana Toraja – une religion face au mystère de la mort

Qu’est-ce qui a rendu célèbre le nom de Tana Toraja -une enclave de 3 542 km2, située au centre (1) d’une île de 202 000 km2, aux formes tourmentées et au nom évocateur : les Célèbes- : une religion, dénommée Aluk Todolo, et surtout son culte particulier rendu aux morts…
Et pourtant, quand on parcourt rapidement le pays, rien de remarquable, en dehors de la beauté de ses paysages, ne saute aux yeux.. On découvre même dans chaque bourgade de cette île indonésienne le clocher d’une église ou un temple protestant..car, depuis le début du siècle passé (2), les Toraja (3) se sont convertis au christianisme.. Et, le dimanche, les vallées du pays retentissent de chants religieux qui ne sont pas sans rappeler ceux des autres iles du Pacifique..

Notre regard, toutefois, est vite interpellé par des “maisons” aux formes inhabituelles, dénommées “Tongkonan” (4) .. Bâties sur pilotis (5), juchées à 3 ou 4 mètres du sol, elles comportent toutes trois pièces en alignement (6) et souvent construites à des niveaux différents… Certes, les maisons sur pilotis font souvent partie du paysage asiatique. Mais, ici, la forme du toit interroge immédiatement notre curiosité. En effet, chacune de ses extrémités est relevée (7) avec un faîte qui peut atteindre plus de 10 mètres de hauteur…

Si on poursuit notre questionnement, on apprend alors que ces maisons dites “traditionnelles” ne peuvent être ni vendues ni achetées, ce qui amène à penser qu’elles ont une fonction spécifique. Ce sentiment est renforcé quand on constate qu’elles sont toutes construites selon un axe nord-sud et que leurs parois sont ornées de décorations toujours stylisées. Leur façade principale, toujours orientée au nord, est parée d’une représentation d’une/de têtes(s) de buffle(s). Devant celle-ci, une poutre verticale, soutenant le faîte du toit est ornée de dizaines de cornes de cet animal qui peuple les campagnes du pays.

Bien plus. Face à chaque Tongkonan, s’élèvent d’autres bâtiments, répliques, en format plus réduit, de la maison traditionnelle. Selon les villages, leur nombre est variable -de un à une dizaine- ainsi que leur importance. Evidemment, faisant face au Tongkonan, leur orientation est l’inverse de celui-ci : la façade principale est toujours orientée vers le sud..
A quoi donc servent ces Tongkonan en modèle réduit ? : “ce sont des greniers a riz..dont le nombre et l’importance varient selon la richesse du propriétaire de la maison traditionnelle (8)” me répondit un ami Toraja…

Ce dernier tint alors à me préciser que cet ensemble de bâtiments avait un rôle d’abord religieux et culturel : “dans le village voisin vont s’y dérouler des funérailles .. on va sacrifier 14 buffles (9) .. pour que leur esprit puisse accompagner celui de défunts qui partent bientôt au paradis..”.

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Imaginez une colline du pays Tana Toraja, dominée par un Tongkonan et surplombant un petit village et une vallée consacrée essentiellement à la culture du riz. En ce mois de septembre, les récoltes viennent de se terminer. Y paissent de paisibles buffles cherchant leur nourriture.
La paisibilité qui découle de ce paysage tranche avec l’activité fébrile qui règne autour du Tongkonan. C’est en effet autour de cette maison traditionnelle que vont se dérouler les funérailles du frère et de la soeur du chef “spirituel” du village..

Il y a déjà plusieurs mois qu’une équipe de villageois s’affaire à aménager les lieux.
Elle a commencé par construire, de chaque côté du Tongkonan et des greniers a riz qui lui font face, des “cases” en bambou (10) de 5 à 10 mètres de côté. Ces abris provisoires serviront à héberger tous les membres de la famille qui viendront assister aux funérailles.
Sur le côté est, elle a édifié d’autres cases, toujours en bambou, mais de dimensions plus importantes. Elles serviront à accueillir les invités des villages environnants.
Sur le côté ouest a été érigée, il y a une dizaine de jours, une tour funéraire, toujours faite de bambous, d’une hauteur d’environ 10 mètres. Elle servira à héberger le(s) corps du/des défunt(s) lors de la phase terminale des funérailles (11).
Au centre de cet ensemble reste un quadrilatère -selon les villages, sa largeur et sa longueur varient de 20 metres à 50 mètres- libre de constructions. C’est là que se dérouleront les sacrifices d’animaux.

A la description de ces préparatifs, on comprend que la religion traditionnelle du pays toraja -Aluk Todolo- dissocie nettement dans le temps la mort physique et les funérailles : le “mort” est simplement considéré comme “malade” dans l’attente de ses obsèques et de son départ pour le ciel…

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Cela vous intéresse ? Détaillons un peu....
Lors de son décès “physique”, le mort est enduit d’un onguent fait de plantes locales pilées, puis enveloppé de linges (12). Cet onguent assure la préservation du corps pendant plusieurs années (13). Comme, officiellement, le défunt n’est que “malade”, chaque soir, les membres de sa famille lui apportent nourriture, boissons et cigarettes ou bétel. Devant la maison, un drapeau blanc indique la présence d’un “malade”. Enfin, et surtout, sa tête doit être orientéee vers l’ouest (14)..
C’est ainsi que le défunt attendra ses funérailles… Pendant combien de temps ? .. Cela dépend.. du temps nécessaire à la préparation par la famille du défunt (15) de l’événement le plus important d’une vie : de “bonnes” funérailles qui vont permettre à l’âme de gagner la vie éternelle. Il convient donc d’y apporter de grands soins et.. beaucoup de moyens…

Première règle : il convient que tous les membres de la famille puissent y assister. Etant donné la dispersion de la communauté Tana Toraja (3), trouver une date commune à tous et à toutes est une des raisons qui explique le long délai entre le décès “physique” et la date des funérailles.
Réunir toute la famille, c’est évidemment respecter la tradition, mais c’est aussi avoir du temps pour trouver les moyens de financer les obsèques (16)…car elles sont fort onéreuses..
Il va falloir, en effet, héberger et nourrir pendant la durée des funérailles -souvent une dizaine de jours- toute la famille dispersée, soit plusieurs centaines de personnes et recevoir dignement tous les membres des familles du village et des villages voisins, soit souvent plusieurs milliers de personnes.
Et surtout, il faut trouver le financement d’un élément essentiel à la réussite de “bonnes” funérailles : le sacrifice de cochons et surtout de buffles.. La religion Aluk Todolo pourrait d’ailleurs recevoir le qualificatif de “religion du buffle”…
Ici, les buffles peuplent les campagnes comme dans toute l’Asie des moussons.. sauf, qu’en pays Tana Toraja, ils ne travaillent pas.. Ils passent leurs journées à paître et à se faire “bichonner” par leur propriétaire. Celui-ci, quotidiennement, les lave, les shampouine, les masse et complète leur alimentation herbagère par divers fourrages sélectionnés avec soin. Fourrages qui sont donnés aux animaux .. à la main. Il arrive même que leur propriétaire les abreuve …à la bière versée préalablement dans un bambou et donnée également manuellement..
Le buffle représente en effet un capital (17), mais surtout, il est un animal dont le sacrifice est indispensable à la réussite de bonnes funérailles puisque “l’esprit” des buffles sacrifiés doit porter et accompagner l’âme du défunt pour son ultime voyage dans l’au-delà.. Il importe donc que ces buffles soient nombreux et aussi répondent à des critères qualitatifs (18). Conséquence et justification : plus le défunt est haut placé dans la hiérarchie sociale (19), plus les sacrifices sont importants. Les funérailles de hauts dignitaires peuvent être l’occasion du sacrifice de 200 à 300 buffles..
La préparation des funérailles comprend également la répartition des biens du défunt entre l’épouse et les enfants. En régle générale s’applique un principe d’égalité entre ces derniers, garçons et filles. Un « plus » est toutefois souvent accordé à l’aîné et à ceux des enfants sacrifient plus de buffles que leurs cohéritiers.…

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La date des obsèques arrêtée, les constructions d’abris et de la tour funéraire terminées, la “sépulture” prête (34), les funérailles vont alors pouvoir commencer..
Quelque temps avant cette date -de 15 jours à 3 mois-, le corps du défunt a été transféré de son domicile où, “malade”, il reposait, dans la pièce sud du Tongkonan (20), la tête toujours tournée vers l’ouest (14).
Trois à quatre jours avant que ne commencent les funérailles officielles, la famille dépose le corps sur le soubassement du principal grenier à riz (8), et alors, point capital, la tête tournée vers le sud (14).. ce qui signifie que le défunt est officiellement et définitivement mort… les funérailles vont alors pouvoir commencer…
Le départ des cérémonies officielles est donné par un cortège formé des membres de la famille qui, s’abritant sous un drap de couleur rouge, emmène le corps faire un dernier tour du village. A leur retour, le cercueil est hissé sur la plate-forme de la tour funéraire, la tête toujours tournée vers le sud (14).
Le premier jour des festivités va alors pouvoir commencer. Ce sera par un hommage rendu à l’animal sacré du pays Tana Toraja, le buffle.
Dans un champ de riz, récemment récolté (21), attenant au Tongkonan vont se dérouler en effet des combats de buffles. Leur nombre dépend comme toujours du rang du défunt dans la hiérarchie sociale : de quelques-uns à des dizaines.. Ils sont certes l’occasion d’un spectacle …mais surtout, ces combats qui réunissent des centaines, voire des milliers de spectateurs, trouvent leur principal intérêt dans les paris qui les accompagnent.. Dès l’arrivée des animaux, des dizaines de “bookmakers” parcourent la foule et arrachent aux spectateurs moult billets..Certains parieurs risquent des sommes pouvant atteindre des centaines, voire, parait-il, des milliers d’euros ..ce qui explique l’excitation de la foule ainsi que les explosions de joie ou les gestes de désespoir lorsque l’un des deux animaux prend la fuite (22)..

Le lendemain, tous les membres de la famille s’installent dans les “maisons provisoires” construites, aux côtés du Tongkonan et des greniers à riz, c’est-à-dire sur les côtés nord et sud de l’espace où vont se dérouler les sacrifices d’animaux.
Ils vont alors recevoir les “visiteurs”, c’est-à-dire toutes les familles des villages environnants.
Commence alors un “ballet” -où l’improvisation règne certes en maitresse- : à tour de rôle, à pied ou souvent en utilisant des moyens de transport collectifs - debout, amassés sur les bennes de petits camions qui avancent en cahotant sur les étroites routes aux nombreuses ornières ou, pour les familles plus aisées, en minibus local-, vont se succéder toutes les familles des environs. Chacun a revêtu ses plus beaux habits pour la circonstance, trahissant son statut social…Si, en général, les femmes conservent une certaine grâce avec leurs longues jupes et leurs chapeaux ronds -d’au moins 60 centimètres de diamètre-, les hommes, aux accoutrements très variés, paraissent souvent embarrassés dans leurs “habits du dimanche” (23).

Chaque famille visiteuse -elle peut comporter une centaine de personnes- est précédée par une armée de jeunes garçons et d’adolescents tout excités, qui, par groupe de quatre, portent sur un attelage de fortune fait de bambous et de cordes, des porcs vociférants entravés. Les animaux sont alors déposés sans ménagement dans la cour centrale alors que les membres adultes sont accueillis à l’entrée des lieux par un -ou des- “chanteur(s)-danseur(s)” (24) qui, vêtus d’habits traditionnels et animés par une sorte de transe vont, tout en gesticulant et en agitant une lance, conduire la famille visiteuse à l’espace de réception réservé aux invités, à l’est de l’espace central. Là, les reçoit un petit comité de jeunes garçons et de jeunes filles en habits traditionnels. Chemise et pantalon rayés pour les premiers, avec sur la tête, un tissu transformé en une sorte de bonnet phrygien. Tunique ou chasuble aussi rayées pour les secondes avec un bandeau retenant des cheveux soigneusement coiffés en chignon. Prédominent dans ces habillements les couleurs jaune, orange et rouge.
Les invités prennent alors place dans les diverses cases de bambous dédiées à leur réception..Une délégation de la famille du défunt, précédée d’un gong suivi de deux joueurs de flûte et d’une chanteuse-pleureuse, les femmes toutes habillées de noir et la tête couverte d’une mantille de la même couleur, se dirige alors vers l’espace de réception pour recevoir les condoléances des visiteurs et leur offrir, sur un plateau de bois, les différents composants du bétel (25).. Juste ensuite, une armée de serveurs et de serveuses, tout pareillement vêtus, vient leur apporter gâteaux et boissons.. Lorsque les invités comportent de hauts dignitaires, un groupe de chanteurs (24), au centre du quadrilatère destiné aux sacrifices d’animaux, scande à l’infini une mélopée répétitive.
Pendant ce temps, une équipe de 3 à 5 personnes (un “crieur”, un marqueur et des secrétaires, chacun de ces derniers appliqué sur un cahier) va de cochon en cochon…qui, allongés sous le brûlant soleil, grognent…Ces cochons -il y a aussi parfois des buffles-, apportés par les familles visiteuses, sont en effet enregistrés..car cet apport est à charge de revanche.. Ces animaux vont en effet permettre à la famille du défunt d’assurer -une partie de- l’alimentation des membres de la famille.. mais, en contrepartie, l’enregistrement des apports permettra, ultérieurement, à la famille du défunt de faire, à son tour, don d’un cochon ou d’un buffle lorsque la famille visiteuse donatrice devra, à son tour, organiser des funérailles (26).

Environ toutes les demi-heures se succèdent les groupes d’invités..pendant une, deux, voire trois journées entières, durée évidemment fonction de l’importance du défunt.. Personne ne peut savoir, lorsqu’elle commence, quand se terminera cette phase de la réception des familles visiteuses.. Et pendant tout ce délai, dans un pré attenant, retentissent les cris des porcs qu’on abat (27) -il arrive également qu’on égorge un ou deux buffles- et fument en permanence, au centre des lieux, d’immenses chaudrons où cuisent les viandes de ces animaux destinés à nourrir les centaines de membres de la famille du défunt..

Aucune exaltation pendant ces journées de réception des visiteurs. Il est vrai que 2 ou 5 ans après le décés les sentiments se sont atténués. Il s’agit de respecter la tradition qui veut que toutes les familles visiteuses témoignent, par leur seule présence, des qualités du défunt et de son aptitude à gagner la vie éternelle.
Preuve ayant ainsi été apportée (28), les funérailles peuvent aborder, le jour suivant, une autre phase, le sacrifice d’animaux payés par la famille : éventuellement des cochons (29), mais surtout des buffles (18) dont « l’esprit » va accompagner l’âme du défunt..

Les buffles, tenus en laisse, sont amenés, en début de matinée, dans l’espace central.
Les cérémonies commencent par la remise à chaque membre de la famille d’un morceau du foie d’un buffle abattu les jours précédents (30).
De hauts dignitaires sont alors priés de bien vouloir verser sur le dos des buffles de l’alcool de riz, désignant ainsi ceux des animaux dont l’âme va accompagner prioritairement celle du défunt (31).
Puis, une par une, les bêtes sont attachées à un piquet central et un “bourreau”, après avoir tâté la gorge de l’animal, vient d’un coup de machette, l’égorger. L’animal se vide rapidement de son sang et, après quelques soubresauts, agonise…
Quelques heures plus tard, la cour intérieure est devenue une mare de sang.. au sein de laquelle des équipes de “dépeceurs”se mettent à l’ouvrage : couteaux, machettes et haches découpent, tranchent et débitent morceaux de viande et abats..sur lesquels s’agglutinent des essaims de mouches..
Les abats sont mis à la libre disposition de tout un chacun.. En ce qui concerne la viande, deux hauts dignitaires vont alors procéder à la fonction sociale -et politique- de cet abattage, à savoir sa distribution aux différentes familles du village et des villages environnants. Le premier énonce les bénéficiaires et le second procède à la distribution des différents morceaux..Les meilleurs morceaux vont aux représentants de la classe supérieure et les autres aux classes inférieures.. mais chacun sera servi (32).
Cette journée se termine par une autre tradition.. Alors que les membres de la famille et des environs se restaurent de la viande fraîchement abattue, il est procédé à des enchères d’animaux (cochons, voire buffles).. Il s’agit en l’espèce de bêtes mises à la vente par la famille du défunt au plus offrant et dont le produit ira aux “autorités” et aux “Eglises”…

Il ne reste plus qu’à procéder, le lendemain, à la dernière phase des funérailles : celle de “l’enterrement”, dénomination incorrecte puisque les défunts -du moins ceux de rang social élevé- ne sont pas mis en terre, mais dans des grottes naturelles ou creusées à cette fin (33) . Les premières ayant déjà été utilisées il y a plusieurs siècles, il faut donc creuser une sépulture, ce qui est une source de dépenses importante..et limite, de ce fait, cette sépulture aux classes les plus aisées (34).. Les autres se font construire un tombeau…

Il est également de coutume de placer dans la falaise une statue (35) représentant le défunt.. mais à la condition qu’au moins 24 buffles aient été sacrifiés.
Cette même condition est exigée pour autoriser la famille à ériger, au pied de la “falaise-cimetière” un mégalithe (36) dont l’importance variera avec le nombre de buffles sacrifiés.

Le jour de l’enterrement, tout le village, va conduire le cercueil de la tour funéraire au lieu de sépulture.. après lui avoir fait faire, chemin faisant, de nombreuses circonvolutions pour que l’âme, désorientée, ne puisse retrouver le chemin de la maison.. Le cercueil, dans lequel ont été placés les objets les plus précieux du défunt, est alors glissé dans une cavité de la falaise (37)..

L’âme du défunt (38) peut alors partir au paradis, situé vers le sud (14). Elle n’y accédera toutefois qu’après avoir franchi sept “étapes”.. mais connaitre ce cheminement n’est pas possible pour le fidèle béotien, car sa connaissance relève du “savoir” des hauts dignitaires.

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Nous sommes dans un pays “christianisé” (39). Comment les Eglises, et notamment la catholique, ont-elles pu accepter que les obsèques ne relèvent pas de leur seule compétence (40) ?
En pays Tana Toraja, et plus généralement en Indonésie (41), il est évident que les Eglises chrétiennes n’ont pas fait obstacle au respect de traditions issues de religions préexistantes pour les funérailles (42)…Il est aussi vrai que les églises chrétiennes régulent les autres événements de la vie (43).
Il y a quelques décennies se déroulait encore annuellement une autre grande fête religieuse traditionnelle -en plus des funérailles-, pour célébrer la fin des moissons. Elle avait lieu en pleine nature, la religion Aluk Todolo n’ayant pas de bâtiment spécifiquement religieux (44), sous l’autorité du grand-prêtre du village. Lors de cette fête étaient sacrifiés poulets et cochons et les fidèles étaient priés de se badigeonner le front avec le sang des animaux abattus.. mais cette fête a aujourd’hui disparu.. faute de fidèles…
Aujourd’hui, en fait, la religion Aluk Todolo ne survit essentiellement que pour l’organisation de funérailles.
Pourquoi ?
Certes, face à la mort et aux mystères de l’au-delà, ses rites continuent à rassurer tout un chacun. Mais, surtout, ces rites ont su conserver une justification sociale, mais différente de celle d’autrefois.
Initialement, les rites observés lors des funérailles s’inscrivaient dans une société rurale traditionnelle et dans les équilibres socio-politiques de cette société. Aujourd’hui, il n’en va plus de même.. Mon ami Yuli me confia d’ailleurs un jour : “ les jeunes, aujourd’hui, ne veulent plus rester à la campagne.. ils ne rêvent que de partir en ville ou surtout d’émigrer vers les nouvelles zones économiques d’Indonésie (Kalimantan ou Papouasie) ou dans un pays tiers”.
A quoi peut rêver un adolescent Toraja, passant ses journées à surveiller, au bout d’un licol, un buffle au demeurant fort paisible (45) ? Ses pensées doivent être pleines de portables, de motos, de voyages, voire d’espoirs d’études supplémentaires…
En réalité, si la tradition des funérailles -et son coût élevé- se maintient, c’est par ce que les membres de la diaspora (3) ont voulu la maintenir car elle leur rappelle leur enfance et constitue aussi, de par le faste déployé à cette occasion, un témoignage de leur réussite matérielle..
Mais que signifieront, dans une ou deux générations, ces rites pour les enfants et les petits-enfants des migrants ?
La logique voudrait qu’ils deviennent progressivement une expression folklorique. Cette évolution me parait inévitable, car le substrat économique et, de là, social et politique -le tout en interaction-, sur lesquels ces traditions reposaient en pays toraja sont en voie de disparition et aucune nouvelle véritable base socio-économique, ancrée dans le local, ne vient s’y substituer (46) ..

J’espère toutefois que les Toraja de demain, pour éviter banalisation, voire déclassement dans une société « mondialisée », sauront conserver, certes dans un contexte évolutif, leur identité. Pour ce faire, ils doivent préserver les valeurs qui ont permis à leur culture et à leur entité de traverser les siècles. Ainsi, fut-ce de façon paradoxale via le sacrifice d’animaux, la sacralisation de la nourriture et de la nature. Ensuite et surtout, une pratique intense de l’entraide communautaire dont les funérailles sont encore un remarquable témoignage (47).



Jean-Michel Gallet







(1) administrativement, le pays Tana Toraja fait aujourd’hui partie de la Province sud des Célèbes (il y a 5 Provinces aux Célèbes : sud, sud-est, centre et deux Provinces au nord). Dans la seule Province sud, il y a 4 ethnies -les Toraja, les Buggis, les Makassar et les Mandar- qui parlent tous des langues différentes..
(2) en 1905, le Gouvernement des Indes néerlandaises abandonna sa politique de non-intervention aux Célèbes et envahit le Tana Toradja en mars 1906, amenant des missionnaires -catholiques et protestants- à sa suite.. Seuls toutefois les habitants du Tana Toraja -les Toraja- se convertirent massivement au christianisme, et non la majorité musulmane de l’ile (les Célèbes sont sous influence musulmane depuis le 16ème siècle). Le nord des Célèbes compte une autre zone chrétienne
(3) le pays Tana Toraja compterait 600 000 habitants...aux Célèbes. La diaspora compterait, elle, -point toutefois difficilement vérifiable- plusieurs millions selon un ami local- d’“exilés” soit en Indonésie soit dans le reste du monde. Chaque famille du pays a donc des membres très épars géographiquement
(4) il y a au moins un Tongkonan par village
(5) pour d’évidentes raisons de sécurité bien qu’il y ait peu d’animaux sauvages dangereux en pays Toraja.. mais aussi et surtout pour bien montrer l’importance et la fonction de cette construction
(6) traditionnellement, la première pièce (celle le plus orientée au nord) était destinée aux filles. La pièce centrale était celle où se déroulait la vie familiale, et notamment les repas. Elle servait aussi de dortoir pour les garçons de la famille. La pièce orientée le plus au sud était celle réservée aux parents… sauf si elle était occupée par un défunt en attente de funérailles (voir infra)..
Aujourd’hui, le Tongkonan, autrefois habitat des hauts dignitaires, est souvent vide de ses anciens occupants. Il n’est en effet guère facile d’y disposer des commodités auxquelles ceux-ci et leurs familles se sont habitués : eau courante, électricité et toilettes. Le Tongkonan n’est donc plus aujourd’hui utilisé que pour les événements religieux, et d’abord les funérailles
(7) aucune explication logique n’a pu être fournie à cette bizarrerie architecturale. Certains y voient la forme de deux cornes de buffles à cause de l’importance de cet animal dans la culture de ce pays (voir infra). D’autres la quille d’un navire
(8) l’emplacement des greniers à riz -face au Tongkonan- traduit l’importance du riz, base de la nourriture et donc de la vie.
Ainsi, on ne peut procéder à l’enterrement d’un noble pendant la moisson, le riz symbolisant la vie.
Ainsi, autrefois, le paysan, lors de la moisson, cachait son couteau dans la paume de sa main pour que le riz, considéré comme faisant partie de la « famille » ne soit pas effrayé et surtout, le paysan devait s’excuser auprés des épis de ce sacrifice, expliquant que grâce à celui-ci, il pourra se nourrir.
Le grenier à riz est donc un élément essentiel de la vie. Il est placé sous la responsabilité directe du maître de maison, car, dans la tradition toraja, c’est l’homme qui a en charge l’économie du foyer. Par contre, c’est la femme qui a en charge les finances..ce qui conduit le mari à remettre à son épouse toute somme qu’il retire de son activité.. quitte à demander à celle-ci son argent de poche, par exemple, pour acheter des cigarettes…
Mais le grenier à riz a aussi une valeur symbolique. Ainsi, toute personne invitée par le maître des lieux à prendre place sous le grenier a riz -pour une collation ou tout simplement se reposer- est immédiatement considérée comme étant sous la protection de l’invitant. De même, le grenier à riz joue un rôle essentiel lors des funérailles (voir infra)
(9) selon des informations -non vérifiables- reposant sur des témoignages d’anciens, on sacrifiait également des “esclaves” (voir infra), il y a quelques siècles pour que leur âme puisse également accompagner celle du défunt
(10) selon l’importance des funérailles, leur nombre varie d’une cinquantaine à une centaine
(11) tous ces bâtiments en bambou seront détruits après les funérailles
(12) tâche autrefois effectuée par des “esclaves”, aujourd’hui par les membres de la famille
(13) certaines familles remplacent aujourd’hui cet onguent par des injections de formol.. mais celles-ci assureraient une moins bonne conservation des corps, notamment de l’ensemble osseux
(14) l’orientation a, dans la religion Aluk Todolo, une signification symbolique d’une importance fondamentale : l’ouest (déclin du soleil) symbolise la mort; l’est (lever du soleil) symbolise la vie; le nord symbolise là où habite le Dieu créateur (ce qui explique l’orientation du Tongkonan) et le sud symbolise la vie éternelle ou le paradis
(15) fin septembre, j’ai assisté aux funérailles d’une dame décédée deux ans auparavant. Son fils m’a alors confié que son grand-père paternel attendait depuis …douze ans ses funérailles, faute d’accord entre ses héritiers.
Cette règle a pour conséquence d’obliger la veuve à attendre qu’aient eu lieu les cérémonies funéraires pour se remarier….
(16) le pays Tana Toraja dispose de peu de ressources en dehors de l’agriculture et de l’élevage. Il n’y a aucune industrie et peu d’artisanat. Seule activité économique en progression : le bâtiment, car chaque “exilé” veut se faire construire « sa » maison “au pays”, symbole de sa réussite. Le tourisme reste une activité marginale.
Le pays vit aujourd’hui essentiellement des “apports” des membres de la diaspora
(17) un buffle adulte mâle à la robe sombre coûte entre 5 000 et 10 000 dollars. Le prix d’un buffle albinos peut atteindre 15 000 dollars. Le buffle castré est “hors grille”…
(18) suite du point précédent : les habitants du Tana Toraja établissent une hiérarchie entre les buffles.
Au sommet : le buffle castré. Il est toujours de couleur marron. Les autres critères qui déterminent sa valeur (taille, forme des cornes, “beauté” de la tête) sont beaucoup plus subjectifs..
Puis viennent, dans l‘ordre, le buffle albinos, le buffle noir et, enfin le buffle marron.
De bonnes funérailles ne dépendent pas seulement du nombre de buffles sacrifiés, mais aussi de la qualité de ces buffles
(19) la société Tana Toraja est divisée en quatre castes principales, elles-mêmes divisées en sous-castes :
- au sommet, les nobles dignitaires. Descendants du Dieu Suprême, ils possèdent le pouvoir religieux traditionnel. Ce sont eux qui interprétent les 7 777 règles -uniquement orales- de la religion Aluk Todolo, organisent les funérailles et décident in fine du sort de l’âme du défunt (voir infra). Ils sont “enterrés » dans des grottes naturelles ou creusées à cet effet (voir infra). Un d’entre eux est consacré comme le “chef” de la communauté, ce qui lui donnait aussi compétence, avant l’indépendance de l’Indonésie, en matière administrative -depuis, le pouvoir administratif a été transféré d’abord à un fonctionnaire, et depuis une récente réforme, à un élu (pour 5 ans)-. Au dessus des “chefs” de village, se trouve au sud du pays Tana Toraja, un “Roi” -appelé “Père” à l’est et “Princesse” à l’ouest-.
- puis on trouve les “nobles de deuxième rang” ou “petits nobles”. Ils sont issus du mariage d’un noble dignitaire et d’une femme de la troisième caste (voir infra).
- au troisième rang viennent les “gens du commun” ou les “gens libres”. Ils représentent la petite bourgeoisie (artisans, militaires, etc..). Ils sont eux-mêmes divisés en trois sous-classes :
* ceux qui possèdent des biens
* les anciens esclaves (voir infra) qui ont racheté leur liberté
* les personnes issues d’un mariage d’un homme d’une classe supérieure et d’une esclave
- enfin, au bas de l’échelle sociale, on trouve les “to kaunan”, terme traduit par le mot “esclave”, c’est-à-dire “ceux qui n’ont rien” : ni capital, ni outils, ni connaissances. Ils dépendent uniquement du pouvoir de leur “patron”, c’est-à-dire d’un noble. Les Hollandais avaient voulu supprimer cette caste, mais s’étaient heurtés à l’opposition des intéressés qui n’avaient pas voulu quitter un maitre qui leur assurait le gîte et le couvert et qui était un descendant d’un Dieu. Ils représenteraient 65 % de la population et sont organisés en quatre sous-castes.
A la question de savoir s’ils avaient droit à des “funérailles” leur permettant d’aller aussi au paradis (*), il me fut répondu que cela dépendait de leur “patron”..
(*) à Bali -c’est-à-dire en terre hindouiste-, où se maintient aussi un système de castes, sont organisées des crémations collectives prises en charge par la communauté villageoise permettant aux personnes démunies d’avoir une chance d’échapper au cycle infernal des réincarnations (voir feuille de route 20 : “crémation à Bali”)
(20) les funérailles ont essentiellement lieu à la fin de l’été ou au début de l’automne ce qui correspond à l’époque où les récoltes de riz viennent de se terminer
(21) une attitude “combative” n’est pas dans les gènes du buffle, paisible animal s’il en est.. rien à voir avec son cousin, le taureau..Parfois, en dépit de “dopants” injectés massivement aux animaux, au lieu de se combattre, les deux antagonistes se contentent de brouter l’herbe de repousse, cote à cote, malgré les encouragements au combat des centaines et parfois des milliers de spectateurs..En outre, le “combat n’a rien de bien sanglant, sauf, parfois, pour des spectateurs trop téméraires..Il consiste -quand combat il y a- en un affrontement, certes brutal, tête contre tête..qui cesse lorsque l’un des deux animaux, soudainement décide de prendre la fuite et fait s’égailler, au milieu des cris et des rires, dans sa fuite éperdue, les spectateurs sur son passage..
(22) les combats de buffles sont souvent précédés ou suivis de représentations d’un sport de combat appelé “sisemba”. Il s’agit d’un “jeu” de coups de pied pratiqué essentiellement par les jeunes garçons. Les combattants sont divisés en deux groupes (chaque groupe peut atteindre une centaine de jeunes) qui s’élancent l’un contre l’autre à un signal. Le jeu consiste à frapper l’adversaire avec la plante des pieds et à lui faire perdre l’équilibre…le combat terminé, les les adversaires du temps d’un combat pactisent fraternellement
(23) pour assister à des funérailles, il est de bon ton de se vêtir d’atours de couleur sombre, et si possible en noir. Il est également recommandé de porter un sarong de cette couleur
(24) il n’y a guère d’instruments de musique dans la culture du pays Tana Toraja.. la musique est quasi exclusivement chantée.. le gong est utilisé pour annoncer un événement
(25) à savoir des feuilles, du tabac, du gambir (gomme résine qu’on extrait du gambier) et dans une petite boite de la noix d’arec
(26) chaque visiteur étranger est également prié de contribuer -matériellement- à la bonne organisation des funérailles. S’il paie un cochon -coût : environ 100 euros-, il sera traité avec tous les honneurs..mais en règle générale, l’invité de passage se contente d’offrir une cartouche de cigarettes.
En contrepartie, tout étranger de passage est également nourri : “c’est la tradition”.. attention toutefois à son taux de cholestérol, le cochon local ayant une épaisseur de gras souvent équivalente à celle de la chair...
(27) la tradition veut qu’on leur transperce le coeur
(28) imprégné de culture chrétienne, je pensais que le “Dieu créateur” était, aussi en pays Tana Toraja, également le juge des mérites de tout un chacun... Erreur.. Dans la religion Aluk Todolo, c’est à l’assemblée des hauts dignitaires -puisque descendants du Dieu créateur- que revient cette tâche. Deux critères interviennent essentiellement dans leur jugement : de bonnes funérailles et une vie “vertueuse”, tournée vers l‘accomplissement du “Bien”.
Lors du cérémonial des funérailles, chacun est donc invité à venir à tour de rôle évoquer la vie et les mérites du défunt, attestant ainsi son aptitude à mériter la vie éternelle.
Le cérémonial des funérailles atteste ainsi du poids dominant et du rôle décisif de la communauté dans la vie sociale et personnelle et des liens étroits existants entre religion et organisation sociale
(29) mais uniquement, en ce qui concerne les porcs, dans le nord du pays Tana Toraja
(30) le foie -et non le coeur- est considéré en pays Tana Toraja, et plus généralement en Indonésie, comme le “siège des sentiments les plus profonds”
(31) il existe évidemment une gradation entre le dignitaire et le type de buffle : au plus haut dignitaire de “marquer” le buffle castré ou albinos; aux dignitaires de rang inférieur de “marquer” les buffles noirs ou marrons
(32) au delà de sa fonction religieuse (faire accompagner l’âme du défunt par l‘animal sacré- le buffle-), l’abattage massif de buffles a une évidente fonction redistributive dans un système social et économique où il n’existe évidemment aucun amortisseur social ou fiscal tout en respectant, voire confortant l’ordre social existant (“ici, même le plus pauvre a toujours à manger” m’a précisé mon ami Yuli)
(33) on trouve encore, surtout dans le sud du pays Tana Toraja, des cercueils suspendus le long de la falaise et donc, non placés dans une grotte naturelle ou artificielle. Cette pratique est aujourd’hui abandonnée
(34) il faut deux ans -en moyenne- à un artisan pour creuser au burin un caveau (un mètre de haut, deux mètres de long et un mètre de large) dans la falaise
(35) statue avec la main droite levée et la main gauche abaissée, la main droite étant synonyme de vie et la main gauche synonyme de mort..il est interdit d’être gaucher en pays Tana Toraja
(36) l’érection d’un mégalithe s’explique par le fait qu’autrefois les buffles étaient égorgés au pied de la falaise, à côté d’un mégalithe érigé à cette occasion, et non, comme aujourd’hui, dans la cour centrale face au Tongkonan
(37) il y a plusieurs siècles, le corps était placé dans une bière qui ressemblait avec sa forme incurvée à l’étrave d’un navire ou au toit d’un Tongkonan. La “proue”, sculptée, représentait une tête de cochon lorsque qu’il s’agissait d’une défunte et une tête de buffle quand il s’agissait d’un homme. Les bières de ce type, encore visibles aujourd’hui, dateraient de 700 ans.
Aujourd’hui, la bière est de forme parallélépipédique traditionnelle
(38) l’âme du défunt, c’est l’âme d’une personne âgée de plus de six mois environ.. En effet, pour les bébés décédés avant la croissance de leurs dents, la procédure des funérailles est différente, car ils sont considérés comme encore “purs”, et, donc, ne devant pas faire l’objet d’un jugement.
Ils sont “enterrés” dans un arbre. Ce dernier doit être soit un banyan, soit un fromager, soit un rombi (variété de banyan) soit un kani asu (variété locale d’arbre). Un espace y est découpé de façon à placer le bébé en position debout, car il est toujours considéré comme “vivant” et “accompagnant” toujours ses frères et soeurs.
Quant à “l’arbre-sépulture”, il bénéficie d’un statut spécial puisqu’il ne peut être abattu..
(39) la conversion des Toraja au christianisme, il y a un siècle, ne semble pas avoir fait l’objet de conflits majeurs...Il est vrai que plusieurs symboles de la religion Aluk Todolo ont pu assez facilement être transposés aux croyances du christianisme.
Ainsi, la religion Aluk Todolo ne reconnaît qu’un seul “Dieu créateur” -habitant dans les cieux, en direction du nord-. Le défunt, qui a mené une vie “vertueuse”, tournée vers le “Bien”, accède, après ses funérailles au “paradis” (*). Par contre, celui dont la vie ne fut pas exempte de reproches est destiné à “l’enfer”. La croix se retrouve au fronton des Tongkonans : elle symbolise le fait que l’habitant de ce pays est soumis à deux fonctions : la fonction horizontale (il doit être “guidé” dans sa vie quotidienne par la tradition) et la fonction verticale (il communique avec le Dieu créateur). La polygamie -autrefois tolérée pour les hauts dignitaires- est tombée en désuétude et la monogamie est la règle générale (**). En outre, la tradition interdit le divorce pour les membres de la caste des hauts dignitaires.
Mon ami Yuli me fit d’ailleurs remarquer que, selon les linguistes (***), les langues du pays Tana Toraja, du pays Batak (situé au nord de l’île de Sumatra) et du pays Dayak (situé au Kalimantan/Bornéo) auraient une origine commune. Or ces trois ethnies se sont toutes converties au chritianisme -qui, par contre, n’a aucunement pénétré dans les zones où la religion musulmane s’était implantée vers les 15ème-16ème siècles
(*) il n’existe pas, dans la religion Aluk Todolo, de croyance en un cycle de réincarnation(s) comme dans l’hindouisme ou le bouddhisme
(**) autrefois, les mariages étaient “arrangés” par les familles..aujourd’hui, cette pratique a perdu beaucoup de sa vigueur..ce qui remet en cause la hiérarchie sociale traditionnelle
(***) si on se fonde sur la linguistique pour expliquer les origines des groupes ethniques, les Toraja pourraient être originaires de régions situées actuellement au nord Laos et au nord Vietnam. Ils auraient été chassés de ces territoires -c’est une hypothèse- il y a 4 000 ans -environ- par l’arrivée de populations venues du sud de la Chine (ce qui confirmerait l’hypothèse selon laquelle les Khins -ethnie majoritaire du Vietnam- et les Muong seraient arrivés dans les régions du nord Vietnam actuel actuel il y a environ 4 500 ans. Une seconde vague de migrants serait arrivée en pays Tana Toraja, toujours en provenance de l’Indochine, il y a 3 500 ans
(40) au Vietnam et en Chine, s’était posée, au milieu du 17ème siècle, une question qui opposa les missionnaires jésuites et l’autorité papale : la “querelle des rites”. Il s’agissait de savoir si les nouveaux convertis devaient ou non abandonner la pratique du culte des ancêtres, base de la culture vietnamienne et chinoise. Après un demi-siècle de tergiversations et de débats, en 1704, le Pape Clément XI condamna sans appel ces rites. Il fallut attendre Vatican II pour que l’Eglise catholique tolère le culte des ancêtres
(41) voir “maman monte au ciel – nouvelles traduites de l’indonésien” EFEO – mars 2009. Dans une des nouvelles, l’auteur conte qu’en pays batak (île de Sumatra), sa famille convertie au protestantisme avait organisé les obsèques de sa mère -vers 1955- “selon les rites traditionnels et les rites religieux”
(42) faut-il y voir l’influence des églises chrétiennes néerlandaises plus pragmatiques et plus tolérantes sur le plan religieux que celles des pays du sud de l’Europe, et notamment de la France en particulier ?
(43) l’autre “événement” important, le mariage, a lieu, après son enregistrement administratif, à l’Eglise ou au Temple, puis est suivi d’une fête à la maison de la future épouse.. ce qui occasionne le sacrifice de plusieurs cochons. L’autre “événement” -bénir une nouvelle demeure-, relève aussi de la compétence des Eglises. Il est aussi vrai que, lors de la dernière journée des funérailles -le jour de “l’enterrement”-, un prêtre ou un pasteur vient bénir la cérémonie et que, les jours précédents, s’intercalent entre deux évocations des mérites du défunt, des chants religieux ou des prières
(44) il aurait existé des “temples” consacrés à la religion Aluk Todolo, mais on n’en trouve plus aucune trace. Lorsque sont arrivés les Hollandais, seuls, avaient et ont encore aujourd’hui une valeur symbolique et religieuse le Tongkonan et les greniers a riz..en conformité avec l’ordre social
(45) traditionnellement, dès l’âge de six ans, tout garçon reçoit de son père -si ce dernier en a les moyens- un buffle. C’est l’enfant qui doit s’en occuper entièrement, gagnant ainsi un statut de “majeur”
(46) à la différence de Bali, qui a su, pour l’instant, conjuguer à peu près harmonieusement maintien d’une culture ancestrale -certes avec quelques adaptations-, et tourisme
(47) lors des funérailles, “l’âme” du pays Toraja se manifeste notamment lors de l’édification des diverses constructions qui serviront pour abriter les funérailles (plusieurs dizaines de villageois s’y consacrent à temps plein pendant plusieurs mois) ainsi que, évidemment, lors des funérailles elles-mêmes (plusieurs milliers de personnes qui assistent aux obsèques de personnes décédées plusieurs années auparavant) et de l’entraide mise en oeuvre pour nourrir et distribuer boissons et surtout nourriture

Compte-rendu de la visite de l'Assemblée Nationale le vendredi 6 novembre 2009






Une leçon de démocratie

Après les dix jours de petites vacances de la Toussaint, les étudiants n’étaient pas trop nombreux à répondre à l’appel.

La conférencière nous a accueillis, à bras ouverts à 9 h du matin. En raison de la séance matinale de ce jour des députés, nous n’avons pu visiter que peu de salles. Mais les étudiants ont appris une bonne leçon pratique pendant deux heures sur :
- le fonctionnement de l’Assemblée Nationale,
- les différences entre les deux Assemblées (l’Assemblée Nationale et le Sénat),
- le rôle du Parlement,
- le pouvoir entre le législatif et l’exécutif,
- le symbole des rites de la Garde Républicaine à l’ouverture des séances de l’après-midi :
o « l’Armée est au service du peuple, représenté ici par le Président de l’Assemblée Nationale »
- le rôle du Président de la République vis à vis des Parlementaires.

Nous avons visité les deux lieux de rencontre des journalistes :
- la Rotonde d’Alechinsky,
- la Salle des Pas Perdus, où nous avons pu apercevoir la solennité lors du passage du Président de l’Assemblée pour se rendre dans l’hémicycle.

La conférencière a longuement expliqué les significations des peintures de la Salle des Pas perdus qui est appelée aussi le Salon de la Paix.
- Les peintures du plafond représentent l’industrialisation de la France.
- Celles des bas-reliefs représentent les différentes scènes d’accueil des Corps Etrangers.

Elle a donné une explication détaillée d’une sculpture de cette Salle. Une leçon d’histoire sur la Guerre de TROIE fut introduite à l’improviste. Devant cette statue, les Parlementaires devraient se rappeler leur devoir, pour réfléchir à deux fois, les décisions qu’ils seront amenés à prendre.

Pour la première fois, nous avons pu assister à une séance de travail des Députés qui étaient en train de voter un projet de loi sur le budget du pays.

Un petit tour à la Bibliothèque semblait nécessaire. Que nos étudiants puissent admirer la beauté de ce lieu, le plafond et les coupoles peintes par l’artiste Eugène Delacroix, et le nombre impressionnant des ouvrages : Plus de 70 000 livres en rayons et plus de 145 000 autres en réserve. Ils ont pu découvrir, dans une vitrine, le procès verbal de Jeanne d’Arc et le calendrier Aztèque.

La visite s’est terminée par un petit tour dans la « Salle des Mariannes » et la poste où quelques étudiants ont voulu poster quelques lettres pour avoir le tampon de l’Assemblée sur l’enveloppe.

Une photo de groupe, dans le jardin de l’Assemblée, s’imposait avant quitter ce beau et haut lieu de l’Institution Française.

Cette leçon vivante a été très instructive et profitable à nos étudiants. Tout le monde a été très attentif et a posé beaucoup de questions. Ils ont appris beaucoup de choses en une matinée, sur ce Palais si renommé.



Julie

lundi 2 novembre 2009

Compte-rendu de la 2ème réunion des boursiers











COMPTE-RENDU DE LA 2ème REUNION DES BOURSIERS
du vendredi 23 octobre 2009

Les étudiants étrangers, après avoir fait quelques années d’études en France, ont parfois du mal à trouver un stage de fin d’étude ou un job à l’issue de leur diplôme. Conscient des difficultés et du désarroi de certaines personnes, le Père Xavier a invité son ami Hubert PIERRU, ingénieur dans une grande entreprise multinationale, à venir nous parler de ses expériences professionnelles. Ce dernier a une carrière brillante, il a été en poste dans plusieurs pays du monde et connaît les qualités et les points faibles des jeunes diplômés.

Des grandes lignes sont évoquées :
- différences entre la vie universitaire et le monde du travail
. à l’université : la théorie
. monde du travail : l’efficacité, la productivité et le bénéfice.
- importance professionnelle :
. être fiable
. engager
. organiser
. faire ce qu’on dit
. dire ce qu’on fait
. garantir le résultat
. faire du reporting
. et croire à son image

Rappel de certaines règles au travail :
- monde du travail :
. Code et signe (signe de l’équipe par exemple)
. Adhésion aux signes (intégration aux groupes)
. Apprentissage continuelle (formation continue, se cultiver)
. Anticiper les difficultés, les problèmes
- image de la personne :
. inspiration de la conscience
. engagement personnelle
. culture générale
. énergie
. ambition (former, armer, grimper)
. être positive

Mode de management :
- directif (être réceptif, attentif, productif)
- persuasif
- participatif

Rappel des pièges à éviter :
- cv trop long
- lettre de motivation non concrète, raturée et fautes d’orthographe...

Rappel des règles au moment de l’entretien :
- habillement correct
- rester naturel
- parler et demander
- négocier le salaire

Quelques remarques sur les points faibles des asiatiques :
- toujours dire oui, même dans les cas impossibles
- ne pas aller vers les autres, rester toujours en groupe entre eux

Quelques défauts des français :
- se plaindre
- prendre trop de poses café
- arriver souvent en retard

Enfin , M. PIERRU a parlé aussi d’oser changer et chercher les nouvelles opportunités.
Il a rappelé que le monde du travail n’est pas toujours un long fleuve tranquille, qu’il est parfois semé d’embûches et de défit.

Il souhaite à tous les étudiants de réussir dans leur vie universitaire et que tous aient une brillante vie professionnelle dans pas longtemps.



Julie